"En 2007, Peter Hook avait déclaré la mort de New Order, avant de réaliser que ce dernier allait simplement poursuivre l'aventure sans lui, dès 2011. Depuis, avec le chanteur et guitariste de New Order, Bernard Sumner, la rancune est tenace." Voilà j'aurai dû lire ces quelques lignes ou plus de chose sur la guerre qui oppose Hooky (pour les intimes) et Bernard Sumner dit Barney (pour les intimes). Quant au concert en lui-même, je fus très déçu (et pas que moi) car le groupe n'a joué que 30 mn MAXI de Joy Division avant un long long entracte pour reprendre le répertoire de New Order (dont je ne suis pas fan, à part le mythique "Blue Monday" qu'ils n'ont même pas joué). Pour les 30 mn de "Joy", ce n'est pas si mal (Dur quand même quand on est fan et que l'on a connu le groupe avec l'Immense Ian Curtis) mais ça passe (le fils de Hook joue de la basse au côté de son père qui lui aussi joue de la basse...) Un son lourd, étouffé s'en suit (normal), l'ensemble du groupe est bon et crédible. Quant à la voix (ah la voix inimitable de Ian), je trouve que Hook s'en sort plutôt bien...Mais c'est quand ils reviendront pour jouer du New Order que ça n'ira plus...Je n'ai pas trop suivi (et c'est un très gros euphémisme) en 81 le nouveau groupe (New Order) construit sur les cendres de Joy Division à l'époque, ce n'est certainement pas pour le suivre aujourd'hui. Point barre. J'ai passé le reste du concert au bar à rencontrer des gens et épiloguer avec eux sur le sujet...en me disant que "si j'avais su j'aurai pas venu". Quant à New Order ils tournent à nouveau depuis 2011 et ils ont fait une tournée quasi "sold out" aux États-Unis au printemps dernier...mais sans Peter Hook !!!

Concert de malades... Le Fabuleux californien John Dwyer forme ce groupe en 2006 après une multitude de groupes dont The Coachwhips, Pink And Brown, Zeigenbock Kopf3, Dwyer monte Orinoka Crash Suite dont il sortira un premier album seulement en 2003 sous l'abréviation d'OCS (tient ? tient ?) enfin bref du garage, du psychédélisme, du rock, du bon, du très bon, de l'excellent. Un concert de dingues comme je le disais : après une balance de 10 mn à l'arrache (que nous regardions déjà comme si c'était le début du concert) le groupe démarre à 200 à l'heure...Deux batteries millimétrées et un bassiste génial pour le côté rythmique d'enfer et John Dwyer au chant et à la guitare (rythmique ET solo) pour nous achever. Franchement des années que je n'avais pas vu et vécu un bordel pareil, des litres de sueur "en veux-tu en voilà", des années que j'essayais de les choper, des années que j'attendais la pluie de ce côté-là. Autant dire que Thee Oh Sees ont tout assimilé, tout digéré, tout recraché...du garage, au psychédélisme, en passant par le rock alternatif, le punk, la noise, l'art punk ou le post-punk. Autant dire que j'en ai eu plus que pour mon argent...50 ans de musique qui défile devant moi, 50 ans de zik que j’adore et dont je nourris les racines depuis toujours. Le meilleur concert du genre que j'ai vu ces dernières années. Même côté psychédélisme, tout y est, le feeling, l'esprit, la technique, le son...c'est génial. Je suis ressorti laminé de la fosse, en nage, trempé, vidé mais putain, quel pied !!! Des "comme ça" tous les jours, la classe à l'état pur, j'en ai profité pour acheter leur dernier album et je vais en profiter pour consolider ma discothèque en ce qui les concerne. Ils le méritent largement. Énorme groupe, énorme concert !!!

A part le sable, le désert, les dunes présentent dans le Sahara central et la Californie, je ne vois aucun rapport, mais alors aucun, entre la musique des californiens de Thee Oh Sees et le trio international touareg Mdou Moctar...D'ailleurs, il n' y en a pas. Une fois cette vérité de La Palisse édictée, force est de constater que Mdou Moctar a des atouts dans ses manches pour ne pas dire dans ses costumes...car ils jouent en habits traditionnels ce qui leur confèrent une touche authentique...il ne manque plus que les tentes et les chameaux et on y est...Trêve de plaisanterie !!! Le trio joue bien, nous emmène direct dans leur désert où cohabite les musiques Kel Tamaceq (comprenez Touaregs) et le fameux blues du désert. Un voyage initiatique, entêtant, envoutant, ensorcelant...Le leader Mdou Moctar maîtrise parfaitement sa guitare (sans pour autant nous faire vraiment décollé) et nous maintient dans une espèce de bulle où finalement on se sent bien. Le public et moi, sommes venus pour Thee Oh Sees (le meilleur groupe actuel en matière de garage, de punk 60's, de psychédélisme) et je trouve que la tâche est extrêmement difficile pour cette première partie...mais je pense sincèrement qu'ils s'en sont très très bien tirés. Franchement, c'était loin d'être gagné, comme pour moi de rédiger cet article mais avec du cloisonnement, de la tolérance, de la compréhension et de la volonté j' y ai trouvé mon compte somme toute. Au NJP, ils auraient été parfaits...

Expérimentaux ? Ils le furent ça c'est sûr. Aujourd'hui je les revois 30 ans après les avoir vu lors d'un concert mémorable au NJP à Nancy le 17.10.1986 précisément. Depuis cette date, je ne m'étais guère intéressé à eux, ni eux à moi d'ailleurs (humour) et j'étais très curieux et impatient de les revoir, tout en ne sachant pas comment j'allais les retrouver. Un coup d’œil sur la toile et je vois qu'ils ont plus de 80 albums au compteur, autant dire que je suis à la ramasse complète, mais bon c'est l'occasion de faire une très grosse mise-à-jour. Je ne serais pas déçu côté show, côté mise-en-scène non plus, toujours aussi bien, interprétation impeccable, musicalement ça passe super bien mais comme d'habitude beaucoup de textes. Je ne suis toujours pas meilleur en anglais, ni en américain, et là je pêche à mort. Il faut dire que la tournée mondiale se veut autour des rêves (In between Dreams Tour) et sur scène, nous avons successivement, Sœur Theresa, John Wayne et Richard Nixon qui nous apparaissent par projection sur une grosse bulle de 3 m de diamètre qui me fait penser immédiatement au fameux globe oculaire de leur début (devenu une icône depuis) et là je ne comprends rien...j'ai de gros passages comme ça où je flotte littéralement au niveau des paroles...heureusement, il y a la musique qui me cause toujours...elle...et là je comprends tout...ce qui me fait dire (sans aucune prétention) que leur avenir de précurseurs est derrière eux (toujours difficile d'être quand on a été). Je sortirai content de ce concert qui m'a permis de renouveler avec ce très très grand collectif d'artistes hors norme que sont les Residents et ce, depuis presque 50 ans. Ils auront raison de ma critique lorsqu'ils reprendront de vieux morceaux dont eux seuls ont le secret. Très longue Vie à eux !!!

Qui de mieux que LpLpo (alias Le Poulpe) pour ouvrir devant Les Résidents (himselves). Bizarre, curieux, étrange derrière son déguisement sorti directement des fonds marins. LpLpo attise ma curiosité par son étrangeté, sa façon d'être, de jouer, son aspect ludique et sa mise en scène singulière. Musicalement ça tient très bien la route, c'est festif sans trop l'être, le ton est bon, ça donne envie de rentrer dans le bain. Sa musique tentaculaire saura séduire un grand nombre de curieux et donnera envie d'en savoir plus, quant à la suite...Bref j'ai franchement apprécié le personnage et sa musique de circonstance...Bien vu la programmation !!!

La salle était venue pour Acid Arab, quant à moi j'étais sur ma réserve, je les avais déjà vus et franchement je n'en avais pas gardé un souvenir impérissable. Je suis tombé sur leur dernier album qui m'a convaincu de revoir ma copie à leur sujet. Finalement, j'ai passé un très bon moment dans une ambiance "club" situé entre les très grosses villes occidentales et orientales. Pas de surprise majeure si ce n'est que le son d' Acid Arab est beaucoup plus efficace que la dernière fois où je les ai vus. Très mainstream mais tout à fait correct, électroniquement parlant. Très bon rappel avec une invitée surprise qui nous a plongé cette fois dans un Orient moins electro mais bien plus authentique. Ceci dit j'ai, nous avons dansé comme des clubbers endiablés.

Une fois de plus Taxi Kebab confirme son très fort ancrage entre electro et tradition marocaine. Un duo nancéien parfait dans leur style. RJ Henry en parfait "infuseur" de sons très finement sentis sur lesquels Lea Jiqqir viendra poser sa voix ensorcelante et ses mélodies envoutantes sorties de sa guitare électrifiée ou de son buzuq amplifié. Échange précieux entre Nord et Sud, entre Nancy et Metz, entre les cris des clubbers et les youyous des aficionados. Superbe moment d'une très grande finesse entre une transe gnawa électronique et un Maghreb traditionnel ou presque...Choukran jazilan Taxi Kebab !!!

Trio "oriental" avec une chanteuse/danseuse qui aura la lourde tâche d'ouvrir cette soirée ouvertement placée sous le signe d'une rencontre entre Orient et Occident. Pas facile mais après coup le concert passe "bien" mais sans plus, j'attends la suite...Les parties chantées en français sont difficilement digérables et très mainstream (entendez commercial) ce qui me complique encore plus la chose...

Que dire de plus quant à la configuration live des 4 groupes en quadriphonie qui n'a pas été déjà dite mille fois si ce n'est que La Colonie de Vacances a revu complètement sa copie question écriture. Maintenant les 4 groupes sont une identité à part entière musicalement et du coup ils ont pris encore beaucoup de valeur ajoutée sur scène comme en enregistrement (vinyles, cd's ou plateformes c'est selon). Une puissance de feu toujours inégalée et une richesse aux niveaux des arrangements hors-norme. Un rappel de folie avec un morceau énormissime (longtemps que je n'avais pas pris une grosse claque comme ça sur un titre) finira par mettre tout le monde d'accord. Un set très technique avec des compositions polyrythmiques, transe, noise et moi qui en même redécouvre le(s) groupe(s) qui ont évolué depuis 2014 (la dernière fois que je les avais vus). J'ai acheté leur dernier disque "Echt" sorti en 2021 au merch et franchement en l' écoutant je me suis dit que j'avais fait une grosse erreur en pensant que La Colonie de Vacances n'était qu'un phénomène live (ce qui est profondément vrai en même temps) mais qu'en disque c'est vachement bien aussi. Voili voilou, un big up au passage aux 3 strasbourgeois.e.s qui se reconnaitrons et Clarioutte venue de Lyon pour les (re)re.revoir. 

Un duo bien connu des aficionados du genre impro noise bruitiste en la personne de William Nurdin (RiR1009, À propos de minos, aEuhW) maltraitant son orgue Farfisa et Bastien Champenois (Oi Boys, DAiKiRi, Gouffre, aEuhW...) improvisant comme personne sur sa batterie. Une noise bruitiste improvisée abordable par moment et qui a le mérite d'exister. Avis aux amatrices zé amateures !!!

Lise Barkas originaire de Strasbourg, va nous livrer un set intimiste ultra-confidentiel où elle va jouer perpétuellement "sur la corde" avec ses deux instruments de prédilection la vièle à roue et la cornemuse. Un véritable trip aux confins du conscient et/ou de l'inconscient, je ne sais pas vraiment, mais je ne suis pas du tout resté insensible à cette expérimentation musicale. Un public averti ou non assistera bien assis "sagement" par terre autour d'elle, à ce moment si singulier. Toujours à essayer de tirer le maximum dans le minimum de ses instruments dans les plus basses fréquences comme jusqu'à l'étranglement de ces derniers, cherchant le dernier souffle, le dernier râle de ceux-ci Lise Barkas impressionne de par sa maîtrise et dégage une sérénité impressionnante. Bref excellent début de soirée qui n'est pas sans me rappeler ceux des derniers festivals des Musiques Volantes ici à Metz il y a quelques années. Très très chouette moment en tous les cas.